lundi 18 avril 2016


Poésie, Psychanalyse...


La poésie n'a que la contrainte de naître, pour être. Etymologiquement, par sa racine grecque la poésie est le pouvoir : pouvoir être. Etre le créateur dans la communion des mots en usant du pouvoir sémantique.


Personnellement, je situe ce pouvoir dans sa relation à la conscience de l'humain, en général; conscience et présence d'esprit allant de paire: sensation, émotion, perception, réflexion, raison, expression. Bien sûr, l'esprit ne retient de l'instant que la vision, à priori, essentielle: le subonscient collectant ce qui dépasse l'entendement, ce qui n'est pas immédiatement traduisible, et les mille stimuli sensoriels qui semblent se perdre dans le flou - la part immégée de l'iceberg ?


De même qu'il faut de la pluie et du soleil pour que le terreau devienne fécond, il faut à l'homme connaître la joie et les larmes dans sa réalité quotidienne, la glace et le feu dans son coeur, et même le doute dans son âme. Au delà de son apparence tranquille, il suffit d'un tout petit rien, d'un simple mot, du timbre d'une voix, d'une certaine atmosphère, pour que l'homme devienne ce petit poète que d'aucuns, assez sarcastiques, appelleront un " rêveur " Alors, nous pouvons affirmer que beaucoup d'entre eux, sont aussi " trés réalistes ": ils ne fuient pas la réalité, mais cherchent à la rendre supportable. L'expression poétique est magique.


Le passé et le futur sont deux hémisphères

Un doigt devant tes lèvres.

Un doigt devant tes lèvres.

Tu mets un doigt devant tes lèvres :
Silence !
Tu poses des pierres devant mes mots
Silence !
Est-ce assez que tu aies entendus,
Je pense ?
Le plus essentiel, peut-être un seul
Je pense ?
Mon cœur soudain rempli par l’amour
Commence…
Débordant d’abondance, de grâce
Commence…
L’adorable jeu de séduction,
Il danse…
Sur ces pierres qui font barrage
Il chante
Dans le discret tumulte des flots
Parade…
Est-ce assez que tu aies entendus
Silence !
Il ne faut pas rompre la magie
Silence…
Tu enlèves ce doigt de tes lèvres,
Commences…
Ce grand partage de l’infini,
Commence…
Puise au tréfonds ta jouissance,
Me surprend…
Le silence a de ces vibrations
A gémir…
Et je me plais à te rejoindre
A gémir…
La lave des volcans mélange
Les désirs…
Se répand  longuement en sillons
 De plaisir…

Tu mets un doigt devant tes lèvres :
Silence !
Tu poses des pierres devant mes mots
Silence !
Est-ce assez que tu aies entendus,
Je pense ?
Le plus essentiel, peut-être un seul
Je pense ?
Je t’aime !


Pierre WATTEBLED- le 16 avril 2016.

J’irai de l’autre côté.

J’irai de l’autre côté.

Je suis là face à la mer d’opale,
Les yeux à mi-clos, enivré,
L’esprit voyageant sans autre escale
Que l’horizon permanent azuré.

J’irai de l’autre côté, c’est certain
Où la raison se perd, et se fond
En ces croisières que font les humains
Pour oublier les miasmes et les bas-fonds.

Je sais qu’un jour une danse mortelle,
M’emportera sur sa vague d’écume
M’enfermera en la citadelle
Où le bel oiseau n’est plus qu’une plume.

J’offrirai ma respiration aux vents
Déjà soumis aux lois éternelles ;
En un souffle, nous irons droit devant
Forts d’une enveloppe immatérielle.

J’attends résigné l’heure de ce départ
Je trinque à la mort jusqu’à l’ivresse
En m’étalant sur le zinc froid des bars
En éloignant la froide caresse.

Je suis là face à la mer d’opale,
Les yeux à mi-clos, enivré,
L’esprit voyageant sans autre escale
Que l’horizon permanent azuré.


Pierre WATTEBLED- le 18 avril 2016.



dimanche 3 avril 2016

Il n’est pas plus belle musique.

Il n’est pas plus belle musique.

Il n’est pas plus belle musique
Que les mots pour dire je t’aime,
C’est le début d’un concerto,
Deux cœurs s’offrant la réplique.

Sur deux temps, trois ou quatre temps
Pour demander ou pour offrir ;
La mélodie ne peut finir
A contre temps, évidemment.

Tantôt la corde plie sous l’archer,
Puis la voix montant de l’âme
Avec son timbre fragile
Appelle l’écho accordé.

Les esprits s’abandonnent
Aux méandres indociles
De cette folle orchestration :
L’ivresse d’aimer résonne.

La passion monte crescendo,
Double croche, soupirs et pauses :
L’instant s’ébat sans mesure
En un plaisir qui coule à flots.

Il n’est pas plus belle musique
Que les mots pour dire je t’aime
C’est le début d’un concerto
Deux corps s’offrant la réplique.

Pierre WATTEBLED- le 3 avril 2016











samedi 2 avril 2016

Atteindre la félicité.

Atteindre la félicité
En un instant, une autre vie
Sans jamais pouvoir raconter
Ce que l’instant suivant nous ravit.

La grâce jamais acquise
Suit le cours vibrant de l’âme ;
Aussitôt qu’elle finalise,
La mémoire la réclame.

Saisir la béatitude
Si fort qu’elle en soit blessure,
Rechercher en l’altitude
La désirable morsure.

Tendre les bras pour un baiser
Aux lèvres bleues de l’horizon,
Si fondre et oublier
L’éphémère en la passion.

Et soutenir le contraire
A l’heure de la perdition :
L’esprit dénie l’arbitraire,
S’accommode de l’illusion.

Accéder au trône royal
Et voir sa couronne tomber,
S’allonger en un lit glacial
Avec ses rêves en fumée.

Atteindre la félicité
En un instant, une autre vie
Facile, sans rien emporter
Car l’instant suivant nous ravit.

Pierre WATTEBLED- le 23 mars 2016.





Elle avait ce beau regard

Elle avait ce beau regard
Un peu énigmatique
Romantique, pathétique.
Fouillant brumes et brouillards.

Elle semblait chercher au loin
-La pupille tactile-­
L’infini immobile
Le sens de tout, ses fins.

Pétrifiée et vivante
Elle rêvait de s’envoler
Tout autant que de rester :
Le dilemme et l’attente.

Ces grands yeux, dans le décor,
Révélaient une âme émue
Et le trouble retenu :
La vie, l’amour et la mort ?

Voir ses lèvres murmurer
L’acception et le refus ;
Son âme peu convaincue
Ajoutait à sa beauté.


Elle avait ce beau regard
Un peu énigmatique
Romantique, pathétique.
Fouillant brumes et brouillards.

Pierre WATTEBLED- le 31 mars 2016.








mercredi 2 mars 2016

j'ai marché, ce matin de grisaille.

J’ai marché ce matin de grisaille profonde.

J’ai marché ce matin sur les sentiers épuisés,
Alourdis de peine, de grisaille profonde ;
J’avais le cœur si bas, qu’il allait se briser,
Quand par là, j’entendis chanter une ronde.

C’était le plein hiver, passant près d’une école,
A la récréation, et il s’en réjouit ;
La mémoire en chemin se pare d’une auréole
Partagée par l’enfance, vois comme elle me sourit.

Un peu d’allégresse, ce brin de poésie
Pour que je puisse voir l’or des primevères
Entamer le printemps sur le vert de leur lit
Et percevoir l’envers des jours qui désespèrent.

J’ai allongé le pas vers l’autre saison
J’ai secoué en moi la poussière argentée
Mis sur la nappe mon rêve de floraison :
Un peu d’espérance aux heures désabusées.

J’ai marché, au hasard d’un désir retrouvé,
La vie peut accueillir nombre de revenants ;
L’élan m’envahissant je pouvais les compter :
Ils m’étaient semblables, ne faisaient pas semblant.

C’était fini l’hiver exhibant ses guenilles ;
Les oiseaux volages chantaient leur boniment
A l’épouvantail qui souriait aux filles ;
Ce nouveau matin, je fis des pas de géant.

Pierre WATTEBLED- le 29 février 2016.